Autobahn - Kraftwerk - 1974
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Imaginez vous : Germany, années 70, le miracle économique a fait pousser des kilomètres d’autoroutes que vous parcourez tranquillement au volant d’une Volswagen. Kraftwerk traduit ici en langage électronique l’éternel trip que tout rocker veut faire au moins une fois dans sa vie, soit traverser les Etats-Unis par la route 66, en passant par Chicago, Nashville Tennessee, l’Oklahoma, la Californie. Ici le voyage est calme, vous suivez les longues lignes blanches discontinues qui se répètent indéfiniment en écoutant "Autobahn" de Kraftwerk. Bienvenue dans l’espace maîtrisé par la technologie. On survole des villes, des paysages en 3D filtrée, tout paraît tellement futuriste et visionnaire sur cet album qui a déjà trente ans. Une véritable messe pour le temps présent dans une cathédrale de fer et de verre. Des nappes numérisées ponctuées de voix angéliques enrobent l’auditeur. On se laisse bercer par ce progrès technologique qui nous dépasse à grands coups de bruits de fusion et d’éclats cristallins. La morceau "Autobahn" dure vingt minutes et vaut toutes les thèses géographiques et économiques. La face B de l’album est plus froide, intrigante, métallique, rejoignant l’album qui succédera à "Autobahn", "Radioactivity", beaucoup plus contestataire vis à vis des thèmes du progrès et de la science. Un relent de psyché-rock avec flûtes de pan et pianos ("Morgenspaziergang") confirme que ce disque date bel et bien des années 70. C’est aussi un bel hommage aux fous psychédéliques (Jethro Tull, Floyd, Beefheart) qui avaient eux aussi tout compris à la musique. 3,5/4 |