One Trip One Noise - Noir Désir - 1998
|
|
"Quoi ? Mais que fait
Noirdez dans la rubrique électro ?" me direz-vous. Je vous répondrai
que celui qui ne connaît pas cet albums de remixes électroniques
(mais aussi jazz, rétro…) ne connaît pas complètement Noir Désir
et leur formidable ouverture d’esprit. En effet, pourquoi les Noir Désir
se limitent-ils au rock ? Ils l’avouent eux même, ils sont
incapables de manier un instrument étranger, un sampler, ou
n’importe quel autre outil électronique et il n’y a aucune honte
à ça.
Cet album est formidable, il est un véritable pied de nez aux idées préconçues. J’en prends pour exemple cette interview de Saez, dont le titre de son tube « Jeune et con » lui va parfaitement : « Noir Désir est un groupe de rock. Tous leurs morceaux, du début à la fin, sont construits sur une section batterie/basse/guitare. Et ils t’envoient la purée ». Non, petit homme, Noir Désir est bien plus que cela. Pour bien comprendre le pourquoi de cet album, il faut connaître son histoire. Andrej, un musicien yougoslave, soumet un remix de "Septembre en attendant" qui séduit le groupe. Pour éviter l’écueil de groupes comme Garbage, qui se font remixer par des DJs reconnus dans un but purement lucratif, les Noir Désir ne choisiront pas leurs réorchestreurs. Ils écouteront donc les remixes en blind-test, sans savoir d’où ça vient. Cet album reste donc fidèle à l’esprit Noir Désir, il n’est en aucune façon artificiel. L’ambiance de chaque morceau elle aussi est fidèle à l’original, elle est juste transcendée. Tout est accentué : l’inquiétude dans "One Trip One Noise" et "Le Fleuve", l’humour dans "J’ai Oublié" avec une musique de film faussement pompeuse à la James Bond, et dans "Lolita Nie En Bloc" avec un swing jazz tranquille digne d’un piano-bar ou d’un film muet, humour qui contraste avec la solennité de "A Ton Etoile" au violoncelle et la névrose des "Ecorchés" au texte d’autant plus noir qu’il est mis en boucle ici. La rage de Noir Désir est mise un peu en veilleuse avec un premier "Tostaky" qui fait contraster la voix irréelle de Cantat et un rythme calme qui s’accélère au bout. Un second remix de "Tostaky" et "Fin de siècle" sont carrément techno-rock, ouf, on est sauf. Mais ceux qui ont un Prodigy à la place du cœur iront se pendre sûrement, d’autant plus que ce ne sont pas les chansons les plus connues qui ont été choisies (dommage ?). "Lazy" et "Septembre, En Attendant" sont quant à eux peu retouchés. L’album se termine sur "666.667 Club", morceau instrumental oriental à priori difficile à modifier mais le résultat est là, il est super original. La voix de Cantat se donne à fond dans des onomatopées impressionnantes de puissance. Le principal vainqueur de ce remix sera d’ailleurs cette voix admirable qui après avoir surpassé toutes les guitares du monde, transcende toute l’électronique mondiale. Le travail de réorchestration est admirable, et l’on retrouve derrière les meilleurs tels Gus-gus, Yann Tiersen, Sloy, comme d’illustres inconnus (pour moi) : Andrej, Anna Logik (qui est un mec en vérité). Les mots d’ordre seront donc diversité et originalité. JPG 4/4 |