The Fat Of The Land

The Fat Of The Land - Prodigy - 1997

   Prodigy c’est plus fort que toi. Tel un jeu vidéo, "The Fat Of The Land" te calmera, que tu sois coincé dans les embouteillage, stressé après trois heures de "Théories et Modèles géographiques", ta matière préférée (dédicace au DEUG Géo), ou écœuré de ta dernière facture France Télécom. Prodigy ou comment démocratiser l’électro et mettre d’accord les vieux ponkes, les dancefloors, les rappeurs, les technophiles, les technophobes. Néanmoins romantiques s’abstenir ou du moins mettre votre tendresse caractéristique de côté. En effet vous marchez sur un terrain miné ("Mindfields") de big fat beat, vestiges de basses ("Firestarter") et de batteries ("Breathe") rock démesurées, le tout sur une rythmique pure techno traditionnelle issue des premières raves. Un mélange en signe de "No Future" remix années 90 comme le témoigne le très positif "Inhale, Inhale, you’re the victim" de "Breathe". Une ambiance malsaine dans un monde malsain. Des voix féminines arabisantes, au départ humaines, deviennent irréelles par leur longueur et leur puissance. Tout est factice. Les guitares électriques deviennent électroniques pour plus d’apocalypse. Le beat se bat contre la guitare et du choc des deux jaillissent les hurlements de Keith Flint ("Firestarter", "Fuel my Fire").
   Même si tout est déroute, les Prodigy n’en gardent pas moins les pieds sur terre. Ils osent même un hip-hop qui ne leur ressemble pas avec "Diesel Power" dont les paroles et le phrasé maîtrisé de Dr Octagan confirment leur assurance, leur maturité, leur culot "Lyrical tactics, vocal gymnastics". Le tout reste quand même sacrément rock, tant au niveau musical qu’au niveau spirituel, avec une rébellion qui rappelle les punks, le "The Wall".
   Prodigy parvient à mettre les hymnes bigbeat les plus poussés à la portée des masses.
   Un album a prendre à plusieurs degrés, que toi, pauvre beauf, tu écouteras dans ta voiture pour tester tes nouvelles enceintes ou toi, critique musical génial, compareras au « Downward spiral » des Nine Inch Nails, gardiens du rock industriel nihiliste.

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