Bérurier Noir - compilation Enfoncez l'Clown - 1999

 

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   La musique des Bérurier Noir est sinistre. Un concentré de torpeur né d’années d’errance et de zone en banlieue parisienne, plutôt du côté de Bobigny cité Karl-Marx rue des exclus que St Cloud allée des bourgeois pétainistes. De cette période ils en tirent un dégoût profond pour l’injustice, l’Etat inactif et complice, l’armée, thèmes récurrents dans leurs paroles. Lents, cauchemardesques, dépressifs, les morceaux des Bérus choquent, leur punk alternatif accompagne dans la tristesse et le pessimisme des paroles qui arrachent le cœur et écorchent la conscience de l’auditeur. Leur musique minimale, anti-mélodique mais tellement prenante, faite d’une guitare répétitive, de sirènes d’alarme, d’une rythmique obsédante et d’un saxophone acariâtre met en évidence un phrasé scandé se rapprochant du discours, du slogan, du manifeste ("Manifeste 1 et 2" de l’album "Macadam Massacre"). Diatribes contre l’injustice de la guerre "Il était une fois des Khmers / Massacrés passés aux fers" ("Vietnam Laos Cambodge"), contre la société ("Petit agité") ; photographies de la misère ("Scarabée"), de la déchéance ("Soleil noir"), des villes invivables et sordides ("J’ai peur"). Le monde n’est pas tout blanc, les Bérus traduisent cette violence sourde dans leurs chansons en s’impliquant totalement, foi d’anciens parias de la société, mêlant névrose intérieure  "Torture mentale physique psychose" ("Nada") et humour sordide à travers la métaphore du clown triste/joyeux ("Deux clowns"). Bérurier Noir est exactement à la musique ce que Orange Mécanique est au cinéma. "J’suis zinzin comme un orange mécanique" n’est pas là par hasard.

    L’aventure bérurière dura dix ans, de la fin des années soixante-dix à 1989, car, au grand désespoir de vous l’annoncer, Bérurier Noir est mort après un dernier album "Souvent Fauché Toujours Marteau" (le titre en dit long) et un album live culte "Viva Bertaga" enregistré lors du concert ultime à l’Olympia. Des problèmes politiques (les renseignements généraux les mettront sur écoute, merci Mitterrand, une armée de CRS est là à chacun de leurs concerts), mais aussi des problèmes financiers (label foireux) auront raison du groupe. Parmi les survivants, François, le chanteur, créera Molodoï (encore un nom inspiré d’Orange Mécanique), Helno deviendra ce que l’on sait chez les Négresses Vertes et Loran le guitariste vivra en errance dans le sud de la France, on se refait pas décidément. 

    Pour fêter les dix ans d’la mort, les Bérus sortent un best of. Pas de  "The Very best of …", encore moins de "The Greatest Hits volume X" qui auraient été du plus mauvais goût, cette compilation reflète parfaitement l’état d’esprit et l’intégrité de cette tribu d’écorchés des années 80. Elle est d’autant plus recommandable que la discographie des bérus est bordélique, anarchique, bref à l’image du groupe. Entre les vinyles introuvables, leurs albums mal réédités (mais pas chers), les conflits avec leur ancien label, les problèmes avec l’Etat, on suppose que beaucoup de personnes auraient aimé voir disparaître ce groupe discrètement. Béru est mort, l’esprit Béru perdure, vive Béru ! 

 

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Parce que le rideau est tombé sur les Bérus

Parce que la liberté ne rime jamais avec libéralisme

Parce que l’épuration ell’t’nique

Parce que Tiên An mène que des embrouilles

Parce qu’un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche

Parce que le passage à tabac nuit gravement à la santé

Parce que l’énergie est nucléaire et les missiles sol-air

Parce que les minis’s’terrent de l’intérieur

Parce que le punk suit Sid

Parce que le RPR compte moins de mal-logés que le RER…

            Citations des Bérus, forcément